Les Elles à l’Unisson ont reçu ce vendredi 13 mai Claire Le Cocguen, Responsable de l’Agence Travaux Réseaux Enedis en Provence Alpes du Sud. L’occasion pour cette manager au parcours atypique de se livrer sur sa carrière, ses valeurs et sa vision de la parité.
Une interview réalisée dans les locaux d’EDF Marseille, et menée avec brio par Anne-Sophie Cochelin, Directrice Transition Écologique EDF Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Claire LE COCGUEN avoue avoir hésité avant d’accepter cette invitation.
Au début, je ne me sentais pas légitime en tant que rôle modèle. Pour moi, une rôle modèle, c’est quelqu’un qui a tout plaqué pour monter une start-up super innovante ! En ce qui me concerne, mon parcours est relativement classique. Mais dans le groupe EDF et chez Enedis, il reste atypique ! »
Originaire d’Aix-en-Provence, Claire commence par une prépa HEC, puis enchaîne avec l’EM Lyon et un poste de consultante SSII à Paris. Rapidement, elle est attirée par le monde de l’édition et passe 4 ans chez Hachette Livre en tant que responsable partenariats.
Mais quand la vie la pousse soudainement à revenir en région PACA, c’est contre toute attente chez ERDF qu’elle atterrit.
On m’a embauché comme adjointe raccordement. Je suis tout à coup arrivée dans un univers très masculin (2 femmes sur 80 personnes). J’avais moins de 30 ans, je n’étais pas ingénieure. J’avais travaillé dans la culture à Paris. Au début les équipes étaient dubitatives. Mais j’ai fait mes preuves. J’ai appris, et je me suis rapidement passionnée pour l’aspect managériale. »
Ce sentiment de manquer de légitimité, Claire LE COCGUEN a su le dépasser petit à petit :
Ce qui guide toujours mes choix, c’est l’envie de faire. Si on a envie, on est légitime. Apprendre vite, être à l’écoute, traduire les décisions de la direction d’un point de vue opérationnel. J’ai l’impression qu’on est parfois meilleur manager quand on n’est pas expert du métier qu’on encadre. »
Aujourd’hui âgée de 36 ans, Claire attend son 4ème enfant. Mais à l’annonce de sa grossesse, elle confit avoir été effarée par certaines réactions :
On m’a demandé plusieurs fois « Est-ce une grossesse voulue ? » Je suis connue pour ma répartie, mais là, j’ai été prise de cours, je suis restée sans voix ! C’est extrêmement déplacé ! (…) Personne ne demande à mon mari s’il va prendre un congé parental « parce que 4, c’est beaucoup ». Mais moi, tout le monde me le demande, même dans ma famille. »
Alors dans son poste de manager, Claire met un point d’honneur à poser les mêmes questions aux hommes & aux femmes quand ceux-ci viennent d’avoir un bébé. « Comment vont-ils ? Comment se sentent-ils ? Comment s’organisent-ils ? »
Avant, un manager, c’était un chef, distant avec ses équipes, avec une certaine froideur attendue. En ce qui me concerne, j’ai toujours eu besoin d’être la même personne à la maison et au travail. Pour moi, il n’y a aucun mal à faire part de ses émotions. Les émotions peuvent être au service de la performance et du collectif.«
5 mots pour définir son travail au quotidien :
- Diversité (sujets traités, interlocuteurs, territoires couverts)
- Dense
- Technique
- Autonome
- Engageant (techniquement, financièrement, juridiquement, managerialement)
4 tendances sur l’avenir du travail des femmes
- Une reconnaissance de plus en plus équitable entre hommes et femmes
- De plus en plus de femmes qui ont envie de faire carrière
- Les profils « vieux-jeu » qui vont partir à la retraite, un vent d’air frais arrive !
- Les hommes ont un vrai rôle à jouer, on doit les sensibiliser sur la question
3 valeurs qui la guident au quotidien
- Transparence
- Confiance a priori
- Engagement
2 livres à lire
- L’oubli que nous serons (Hector Abad)
- En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut)
1 devise
« Soyez vous-même », au travail et dans la vie !
