Le 6 décembre 2024, nous recevions Sophie Comte pour un nouveau petit déj’ rôle modèle !
Sophie Comte a cofondé Chut! Magazine en 2019 avec Aurore Bisicchia. Les deux associées ont décidé de créer un magazine papier, « pour une expérience du numérique au format papier », afin de prendre le temps de la réflexion sur les grandes transformations de notre société.
Chut! Magazine devient ainsi un magazine trimestriel distribué en kiosques et librairies qui se propose de décrypter l’impact du numérique dans nos vies et questionne la diversité et la responsabilité dans le secteur de la tech.
Au cours d’un entretien passionnant, Sophie nous a parlé de son parcours entrepreneurial, mais aussi et surtout de la place des femmes dans la tech. Un sujet qui lui tient à coeur et qu’elle porte – via le magazine Chut! mais aussi via la version ado « Chut! Explore » ainsi que le « Tech Club de Chut! », un club éditorial qui prend la parole dans le magazine via une tribune dans chaque numéro.
Après des études de lettres et un début de carrière dans la communication, Sophie cofonde Chut! Magazine en 2019 avec Aurore Bisicchia.
Le sujet phare du premier numéro : « La femme est l’avenir de la tech ». Ça donne le ton !
« Nous sommes un magazine de société. Ce qui nous intéresse, c’est comment le numérique vient transformer notre société en général (démocratie, travail, écologie, santé…). On n’est ni technophobes, ni technophiles : notre but est de prendre de la hauteur… et de la lenteur (d’où le choix du format papier).
On n’est pas dans une actu « chaude », on essaye de choisir des sujets avec une temporalité, qui ne seront pas obsolètes dans 2 mois. Et on accorde aussi un grande place à l’esthétisme, une vraie expérience papier avec un beau grammage… Le résultat, c’est un magazine qu’on a envie d’avoir dans sa bibliothèque, sur sa table basse… »
Rejointes officiellement par Matteo Bisicchia en 2020, les équipes de Chut! sont aujourd’hui mixtes. La mixité, un vrai sujet pour toute la rédaction, avec un objectif : mettre en avant des rôles modèles féminins dans leur magazine ; identifier des femmes et les visibiliser, les faire connaître et les valoriser.
C’est dans cette lignée que Sophie et ses associés développement le « Tech Club de Chut! », un club éditorial qui prend la parole dans le magazine via une tribune dans chaque numéro.
« C’est aussi un club qui se rencontre pour mener des actions et notamment un événement, « Brisons les codes », qu’on aimerait pérenniser pour qu’il ait lieu chaque année pour devenir l’événement tech et mixité (qui manque peut-être un peu actuellement France…) »
À travers la version ado de Chut!, « Chut! Explore », Sophie et ses associés vont plus loin en s’adressant à la jeune génération :
« On a des contenus pédagogiques, des quiz, quelques articles de fond. On parle à des ados, donc on a voulu faire quelque chose de très graphique. Quand on s’adresse aux ados, on s’adresse aussi à leurs parents et c’est vraiment un magazine que les parents et les ados peuvent lire ensemble. Chacun vient se questionner, questionner ses pratiques. »
Les équipes de Chut! travaillent d’ailleurs avec le Ministère de l’Éducation Nationale, et ont même fait un hors-série distribué dans tous les collèges et lycées.
« Le ministère a fait une Charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numérique. L’objectif était d’amener cette Charte dans les collèges, mais avec un nom pareil, c’est un peu difficile… (rires) Donc, ils ont fait appel à nous pour qu’on crée du contenu pédagogique autour de cette Charte. »
On ne peut pas clôturer un petit déj’ rôle modèle sans poser la traditionnelle question à Sophie : quel est son livre de chevet ?
« Les oubliées du numérique d’Isabelle Collet. C’est un livre qui parle des stéréotypes de genre, qui sont très forts dans le numérique, très ancrés. Ce livre a été très structurant pour nous dans la création de notre magazine. Très souvent, on va dire aux femmes : « Vous n’osez pas parler, vous vous autocensurez », ce qui rajoute une pression supplémentaire pour les femmes de se dire « mais en fait, c’est moi qui n’y arrive pas ». Alors qu’en réalité, quand toute la société vous dit que vous n’avez pas votre place quelque part, c’est plutôt une censure sociale. Je trouve ça intéressant d’amener aussi les choses sous cet angle, parce que souvent on dit aux femmes « osez, soyez audacieuses », et même si ça part d’un bon sentiment, on leur met encore plus la pression alors qu’elles en ont déjà suffisamment. »
Un grand merci à Sophie pour ce petit déj’ inspirant, ainsi qu’à Sonia Desbrieres Bleines et à Kyndryl pour leur accueil.